Mises à jour cliniques chez l’enfant

La recherche en ostéopathie pédiatrique est encore très limitée. Elle est cependant nécessaire afin d’optimiser la prise en charge des enfants notamment autour des troubles fonctionnels.

ISOstéo Lyon s’engage dans la formation et la recherche en ostéopathie pédiatrique. Nous organisons donc les premières JOL : Journées Ostéopathiques de Lyon sur la thématique : « Mises à jour cliniques en pédiatrie » en partenariat avec Alumni, réseau des diplômé·e·s ISOstéo Lyon.

Notre événement est à destination de tout·e·s les professionnel·l·e·s de santé qui souhaitent participer à la discussion.
Il sera disponible en présentiel, en ligne et en replay. Le lien de participation en ligne vous sera communiqué ultérieurement.


Pass sanitaire obligatoire pour les participant·e·s en présentiel.

Prise en charge par le FIF PL possible, renseignez-vous auprès de l’organisme.

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Prévenir la plagiocéphalie sans augmenter le risque de mort inattendue du nourrisson.

5 mars 2020

Source d’inquiétude pour les parents, les plagiocéphalies – déformations crâniennes positionnelles – sont bénignes et disparaissent naturellement vers l’âge de deux ans. La Haute Autorité de santé et le Conseil National Professionnel de Pédiatrie publient une recommandation pour prévenir leur apparition et décrire leur prise en charge. Ils y réaffirment avant toute chose l’importance de coucher les bébés sur le dos, seul moyen de prévenir la mort inattendue du nourrisson.

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L’association Le LIEN a alerté la HAS en avril 2017 de la sous-estimation du nombre de cas de plagiocéphalies et de ses conséquences. La plagiocéphalie est une déformation du crâne de l’enfant caractérisée par une asymétrie donnant à la tête une forme oblique, on parle communément de « bébé à tête plate ». En réponse à ce droit d’alerte, la HAS publie avec le Conseil national professionnel de pédiatrie une fiche mémo qui rappelle le dispositif de prévention de la mort inattendue du nourrisson et définit la prévention de la plagiocéphalie.

L’augmentation des cas de plagiocéphalies chez les bébés et l’inquiétude associée peuvent conduire des parents et certains professionnels de santé à remettre en cause le couchage sur le dos, dans l’idée d’éviter que le nourrisson n’appuie sa tête toujours du même côté.

La HAS et le CNPP réaffirment donc avec force que le couchage sur le dos est impératif pour prévenir la mort inattendue du nourrisson. Depuis les années 90, cette recommandation a permis de réduire ce risque de 76%.

La HAS et le CNPP décrivent également comment rassurer les parents, prévenir la plagiocéphalie, et quelle prise en charge mettre en œuvre en cas d’apparition de cette pathologie bénigne, qui disparaît le plus souvent naturellement vers l’âge de deux ans.

Rassurer et accompagner les parents

Les plagiocéphalies chez les bébés sont une source d’inquiétude pour les parents. Il faut pourtant les rassurer car ces déformations crâniennes sont bénignes et n’ont pas de conséquence autre qu’esthétique : les données scientifiques montrent qu’il n’y a pas de lien de causalité entre une plagiocéphalie et un retard neurodéveloppemental, des troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires. De plus, dans la très grande majorité des cas, les déformations crâniennes disparaissent à l’âge de 2 ans grâce à la mobilité spontanée qu’il faut préserver.

Dans tous les cas, les professionnels intervenant auprès des nourrissons et de leurs parents doivent aborder le sujet avec ces derniers. Cet échange permettra d’expliquer les mesures de prévention de la plagiocéphalie et de leur délivrer des conseils avant et après la naissance du bébé, surtout dans les 6 premiers mois de vie lorsque le crâne est le plus malléable.

Prévenir la plagiocéphalie en laissant le bébé bouger

Si le couchage sur le dos reste la position à adopter quand le nourrisson dort, le reste du temps il ne doit pas être constamment immobilisé pour éviter qu’il n’appuie sa tête toujours du même côté.

Au quotidien, les parents sont donc les principaux acteurs de la prévention de cette déformation. La HAS leur recommande de laisser leur enfant libre de ses mouvements notamment pour que son cou soit mobile – y compris sur le ventre lorsqu’il est éveillé et à condition qu’il soit surveillé. Elle préconise également de varier les postures du nourrisson et d’encourager les rotations spontanées de sa tête grâce à des sollicitations sensorielles (tactiles, visuelles, auditives). Lors de ses phases d’éveil, il est ainsi recommandé de l’installer sur un tapis ferme au sol avec des jouets positionnés autour de lui, en évitant les arches de jeu et les mobiles qui vont fixer son attention en un endroit unique.

En revanche, la HAS pointe les effets délétères des cales-tête, siège-coques, coussins anti-tête-plate, etc., objets qui se sont multipliés dans l’environnement des bébés et qui les empêchent de bouger librement.

En cas de plagiocéphalie : des interventions adaptées selon la sévérité

Lorsqu’une plagiocéphalie survient chez un nourrisson, la HAS recommande aux parents d’éviter l’appui de la partie aplatie de la tête et de favoriser des moments pendant lesquels le nourrisson va pouvoir bouger.

En complément de ces conseils, il est préconisé de consulter un médecin qui pourra prescrire des soins de kinésithérapie au plus tôt dans le cas où l’enfant a des difficultés à bouger son cou (torticolis).

En l’absence d’amélioration de la déformation crânienne après une prise en charge adaptée, le médecin doit orienter l’enfant tôt, possiblement dès la fin du premier semestre, vers un centre de compétences ou de référence des malformations crânio-faciales[1]. Dans ces rares cas de formes sévères, une déformation crânienne peut être un symptôme évocateur d’un trouble sous-jacent. Ces centres vont permettre l’intervention de neurochirurgiens, de chirurgiens maxillo-faciaux ou de chirurgiens plastiques pédiatriques. Ce sont eux qui sont à même de prescrire, de manière exceptionnelle, une orthèse crânienne au bébé.

Source : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3160772/fr/prevenir-la-plagiocephalie-sans-augmenter-le-risque-de-mort-inattendue-du-nourrisson

que la thèse du Dr Roselyne Lalauze-Pol Ph D en neurosciences – Ostépathe DO « La prise en charge des grands syndromes cranio-maxillo-faciaux en ostéopathie pédiatrique » est accessible en ligne http://www.theses.fr/2020UPSLP059 

Bonne lecture 

L’article publié le 22 mars dernier, dans l’édition quotidienne du Figaro, sur l’intérêt de l’ostéopathie crânienne est étonnant. Les imprécisions, contre-vérités et le parti pris dans la rédaction de cet article, constituent au mieux de regrettables erreurs de formulations pour une telle institution du journalisme et un véritable préjudice pour les lecteurs méritant une information sincère et complète.

1) Reformulation trompeuse de la définition de l’ostéopathie crânienne

L’article débute sur une définition des objectifs de l’ostéopathie crânienne, citant une source d’autorité, la définition qu’en donne l’Association des Ostéopathes de France (AOF) sur son site internet : « Rétablir les supposées perturbations des structures crâniennes générées par le «traumatisme» qu’est l’accouchement”. Dans cette citation, les perturbations traitées sont présentées comme supposées, et non systématiques comme affirmés dans l’article.

Le mot traumatisme de la naissance est employé par les Professeurs C. Amiel-Tison et A. Steward, neuropédiatres, dans leur ouvrage « L’enfant nouveau-né, un cerveau pour la vie » Ed. INSERM 1995. Pour souligner l’importance des contraintes crâniennes dans l’optimalité de la fonction cérébrale, C. Amiel-Tison retient 2 critères (sur 10) :  la valeur du périmètre crânien (par rapport à la taille) et toutes les sutures crâniennes doivent être bord à bord (1997, 1999 Mason, C. Amiel-tison J Gosselin 2010 Eselvier-Masson).

Sur le site de l’AOF, l’accouchement y est en réalité présenté comme ayant la possibilité de créer un traumatisme, et la prise en charge ostéopathique peut être utile et recommandée pour traiter des perturbations réelles des structures crâniennes.

2) Remise en cause du statut de la profession d’ostéopathe et discrédit de leurs compétences

L’argumentation comparant le statut des diplômes de chacun des intervenants oriente le lecteur vers un discrédit de la compétence de l’ostéopathe. Être ostéopathe et présidente de la SEROPP apparaît moins légitime au lecteur que celui de Mr d’A. Guillaud, présenté comme kinésithérapeute, docteur en santé publique à l’université de Grenoble.

Cette impression est renforcée par quelques lignes : “pour rappel, les ostéopathes – qui n’ont pas le statut de professionnels de santé – ont l’interdiction de manipuler les bébés de moins de 6 mois”, à l’inverse des kinésithérapeutes.  Quelle conclusion le lecteur peut-il faire après avoir lu ses lignes ? 

Quelle légitimité est donnée à l’ostéopathe présenté comme « n’ayant pas le statut de professionnels de santé », quand ses dires sont contredits par un « kinésithérapeute docteur en santé publique » et « un neuropédiatre ».

Or, si je suis ostéopathe, j’ai validé, en 1970, un Diplôme d’État de kinésithérapie, ayant la qualité d’un professionnel de santé, et je suistitulaire d’un Diplôme National de Doctorat : Ph. D. en neurosciences. Si le choix de croire ou ne pas croire chaque personne sur les arguments qu’il donne et non sur sa légitimité académique est le choix de chacun, omettre les titres universitaires d’une partie et pas de l’autre est un manque d’impartialité préjudiciable aux lecteurs. 

Cependant, le fait d’être ou non professionnel de santé n’enlève en rien les compétences des dits professionnels non conventionnés. D’autres professions sont intégrées dans le parcours de soins, ne sont pas tous professionnels de santé, tels les psychologues. Pourtant ils ont leur place au sein des structures hospitalières ou médicales depuis deux décennies au moins.

3) A propos des sources scientifiques.

La fin de l’article conclut qu’il n’existe pas de preuves scientifiques valables sur l’efficacité de ces traitements et qu’il est donc problématique qu’un ostéopathe propose ainsi ce genre de thérapie : argumentaire péremptoire et récusable.

Absence de preuves scientifiques ?

L’ostéopathie ne serait pas validée par des preuves scientifiques. Cette affirmation est basée sur « un rapport scientifique » datant de 2016, à la demande du conseil national des masseurs-kinésithérapeutes. La revue de la littérature sur laquelle l’article s’appuie date de 2015, dont le kinésithérapeute, à l’époque doctorant en santé publique, est co-auteur : les échantillons statistiques de ces études sont souvent des adultes. Même s’il est complexe de réaliser ce type d’étude avec un groupe témoin non traité sur de très jeunes enfants à qui l’on diagnostique telle ou telle dysfonction ou dysmorphose : la recherche en ostéopathie périnatale et pédiatrique est dynamique, elle avance, à l’étranger comme en France.

Quid des études post-2015 ?

Pourtant dès 2013 Cerritelli et al., dans une étude randomisée, montre que la prise en charge des prématurés en ostéopathie pédiatrique diminue leur temps d’hospitalisation en néonatalogie.

Depuis 2015 plusieurs travaux ont été depuis publiés : telle l’étude canadienne de Juliette Herzhaft-Le Roy (2017) qui montre l’amélioration de la succion des nouveau-nés par une prise en charge ostéopathique ; à l’heure où l’allaitement maternel est plus que recommandé par les équipes néonatales, cette étude est passée sous silence.

En 2020, avec F. Jouen, Doyen de la section Sciences de la vie et de la terre à l’EPHE-PSL, Titulaire de la chaire de Psycho-biologie du développement, co-Directeur du laboratoire r2p2 de l’Unité de réanimation pédiatrique Hôpital R. Poincaré (AP-HP) Garches, nous avons écrit un article scientifique sur la biométrie de la croissance faciale entre 1 mois et 7 ans qui permet de quantifier la normalité ou l’anormalité de la croissance faciale (http://gslpublishers.org/journals/current-issues/139-Article.pdf).

Dans ma thèse de doctorat j’ai pu démontrer, en quantifiant la croissance, que la prise en charge ostéopathique pouvait induire un rattrapage conséquent des déficits de croissance faciale d’enfants présentant un grand syndrome cranio-facial. Ma thèse a été jugée suffisamment sérieuse pour mériter l’attribution du Diplôme National de Doctorat en Neurosciences http://www.theses.fr/s205934 « L’importance de travail et les perceptives qu’il ouvre pour ces grands syndromes ont été soulignés par tous les membres du jury », mais pas pour être citée dans cet article.

Il existe d’autres études sérieuses, la SEROPP (www.seropp.org) les liste systématiquement.

L’étude HYPOSTEO dont le protocole est co-écrit (Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil / SEROPP), débutée en 2019, a eu son recrutement fortement ralenti par la crise de la covid19, a reçu l’approbation d’un CPP (Comité de protection des personnes), (www.clinicaltrials.gov).

4) Information partielle et partiale sur les déformations crâniennes

A propos de la plagiocéphalie d’origine positionnelle, l’article omet que dans le rapport de HAS l’ostéopathie pédiatrique peut être conseillée en deuxième intention. Il ne précise pas qu’une étude de 2019 sur la prévalence et la sévérité de la plagiocéphalie montre que ces dernières peuvent perdurer dans l’enfance et l’adolescence ; elles sont souvent à l’origine d’asymétrie faciale conséquente et de trouble de l’articulé dentaire (Di Rocco et al. 2019) qui nécessiteront un traitement orthodontique, ce qui était déjà relevé par le Pr J. Delaire dès 1965 !

L’étude très récente (2021) de Pastor-Pons et al., montre que la prise en charge ostéopathique précoce augmente la motricité et la mobilité cervicale des nourrissons présentant une placiocéphalie d’origine positionnelle.

5) Quelle est la visée de cet article ?

Inquiétés et culpabilisés les parents d’avoir consultés un ostéopathe, comme sous-tendue par J. Lavallée, kinésithérapeute ?

Les détourner des cabinets d’ostéopathie au profit de ceux de la kinésithérapie ?

Non, les ostéopathes ne jouent pas sur la peur des parents. Les pratiques ostéopathiques pédiatriques sont sûres et très utiles quand elles sont pratiquées par des professionnels formés par OPP formation (http://www.osteopathie-perinatale-pediatrique.com/v5/index.php) et d’autres formations  sérieuses qui  respectent les recommandations de bonnes pratiques telles celles éditées par la SEROPP. Certains scientifiques et médecins, en France comme à l’étranger, ne s’y trompent pas lorsqu’ils diligentent des recherches et qu’ils intègrent des ostéopathes périnataux et pédiatriques dans des services de pointe comme la néonatologie, un service de chirurgie maxillo-faciale pédiatrique, des centres d’évaluation et de traitement de la douleur en pédiatrie, ou la plupart des maternités françaises …

Pour conclure

L’ostéopathie crânienne, quand elle repose sur des dogmes peut avoir des détracteurs, mais l’ostéopathie pédiatrique que j’enseigne depuis plus de 20 avec toute mon équipe, toujours sans aucune manipulationmais réalisée avec des mobilisations ciblées, ne s’appuie que sur des données scientifiques. Notre pratique repose sur des réalités scientifiques (phénomènes mécano-transductifs et les modifications d’épigénèse tissulaires en découlant). C’est ce qui m’a permis d’être, pendant 13 ans, attachée de consultation des hôpitaux de Paris et de rédiger une thèse.

Tous les nourrissons ne sont pas concernés par une prise en charge en ostéopathie pédiatrique, telle que nous l’enseignons, mais certains le sont, nous pouvons les aider.

Comme tout professionnel, je souhaite que la presse papier, tel le Figaro, traite ses articles de manière impartiale avec des informations récentes, surtout lorsqu’il aborde un sujet de santé publique concernant de très jeunes enfants.

Pour traiter ce sujet objectivement et observer la réalité du terrain, rencontrer les jeunes patients au sein de mon cabinet permettrait la rédaction d’un nouvel article plus complet et étayé.

Les idées nouvelles, les controverses scientifiques et les preuves cliniques sont le moteur du progrès scientifique, non l’inverse …  

Dr Roselyne Lalauze-Pol

Ph. D. en neurosciences

Ancienne attachée de consultation des hôpitaux de Paris

Membre du réseau de santé périnatale parisien (RSPP)

Membre du club international de morphologie faciale (CIMF)